Le cannois et Jason Day développent le même niveau de jeu

La journée de dimanche commence bien tôt à Dove Mountain. Elle promet d’être longue et éprouvante pour les 4 golfeurs en demi-finale du WGC World Match Play Championship.

Après avoir effacé Peter Hanson, Bubba Watson et Graeme McDowell, Victor Dubuisson est d'abord opposé à Ernie Els pour gagner sa place en finale l’après-midi. Le sud-africain est l’une des idoles d'enfance de Victor Dubuisson. Le golfeur de la Côte d'Azur n’était pas né lorsqu’Ernie Els remportait le championnat du monde des cadets. Victor Dubuisson a côtoyé cette semaine les grands noms du golf sur son chemin vers le top-20 mondial.



Le premier swing est solide mais trop puisant sur cette première mise en jeu. La balle du golfeur des Alpes Maritimes trouve le bunker en bout de fairway. La balle d’Ernie Els se stabilise sur le petit rough de gauche. Les événements vont s’enchaîner de façon défavorable pour le français.

La matinée démarre mal et Victor Dubuisson se retrouve 3 down après les 4 premiers trous. Il tient le coup, rentre un putt décisif de 5 mètres pour ne pas voir Ernie Els passer 4 up, puis redresse la barre. Au trou n° 9, Victor Dubuisson a refait son retard après 1 heure de flottement.

Les deux hommes vont partager de nombreux trous pour se présenter à égalité au départ du dernier trou du parcours de Dove Mountain. Sur l’attaque de green, aucun des golfeurs ne prend véritablement l’avantage. Ernie Els a manqué sur la gauche dans le bunker et se réserve une sortie compliquée avec une forte pente descendante gauche-droite. De son côté, Victor Dubuisson a fortement appuyé son coup de fer et se retrouve fond de green avec un long putt, également en descente, à négocier.



Le dosage est alors le critère déterminant de la réussite pour le joueur azuréen. C’est mission accomplie pour Victor Dubuisson qui place son premier putt dans la zone de sécurité. Quand Ernie Els sort long et manque son putt pour le par, Victor Dubuisson saisit sa chance et s’impose sur le 18 face à Ernie Els. Il se retrouve ainsi en finale du WGC contre Jason Day qui s’est défait de Rickie Fowler une petite heure auparavant.

Le temps pour Victor Dubuisson de se restaurer, et pour nous faire faire le calcul des points encore accumulés par le français au ranking américain et l’heure de la finale arrive. Jason Day prend rapidement l’avantage. Une nouvelle fois, le début de partie ne sourit pas à Victor Dubuisson qui reste à 2 down à l’attaque du 9. Depuis le rough, le golfeur français enroule à gauche et termine dans les broussailles contre les tribunes. Le free drop dont il bénéficie ne l’avantage pas car sa balle se fixe contre une pierre. En relevant sa balle de golf, Victor Dubuisson concède le trou et passe 3 down. Il faut attendre le 13 pour que le birdie de Victor Dubuisson lui permette de réduire la marque.

Au 14, les deux golfeurs se donnent mutuellement leur putt. Sur le court par 4 du 15, le golfeur de la Côte d'Azur trouve le green à 15 mètres du trou et réalise parfaitement son premier putt pour un birdie. C’est le moment de la partie où le match peut tourner car Jason doit rentrer 5 mètres pour partager le trou.



Quand sa balle rentre dans la coupe, l’australien reste 2 up avec seulement deux trous à jouer et la situation semble mal engagée pour le joueur de Cannes. Les deux compétiteurs partagent le par 3 du 16 et la situation devient critique, Victor Dubuisson et dormie et doit maintenant remporter les deux derniers trous pour accrocher un play-off.

C’est un putt en descente légèrement droite-gauche qu’il doit d’abord enquiller pour réduire le score à 1 down. Le joueur des Alpes Maritimes prend pleinement sa chance en donnant de la vitesse à sa balle qui s’engouffre par la gauche. Il reste à renouveler cette performance sur le 18. Jason Day comme Victor Dubuisson touche le fairway. L’australien joue dans l’axe mais trop fort et termine au fond du green, quasiment à l’endroit où Victor Dubuisson se trouvait lors de sa rencontre avec Ernie Els.

Pour gagner le trou, le joueur de la Côte d'Azur doit réaliser un coup gagnant et s’offrir une solide opportunité de birdie. Il n’en prend pas le chemin lorsqu’il enroule son coup dans le bunker de gauche. Cet emplacement depuis lequel Ernie Els n’avait pas pu se sortir efficacement devient le challenge de Victor Dubuisson pour sa survie dans cette finale du WGC World Match Play Championship.



Jason Day joue long et se laisse 3 bons mètres en montée pour signer son par. Victor Dubuisson exécute alors une sortie de bunker de très grande qualité en maîtrisant de manière sublime le dosage du point de chute. Sa balle s’immobilise à 1 mètre du trou. L’australien joue le premier et laisse son putt dans la ligne, court de 10 cm à peine. Le Français enquille pour partager le match. Lui qui n’a jamais mené de la partie force alors le play-off.

Au 1, le coup de fer 7 de Victor Dubuisson part bien plus fort que prévu, parcours plus de 170 mètres dans les airs, fuse sur le green et vient se loger au beau milieu des épineux. S’il décide de dropper, il aura approche-putt en misant sur une erreur de Jason Day et partager un bogey. Il décide de prendre sa chance en jouant la balle là où elle se trouve et réalise un chip époustouflant qui place sa balle à 1 mètre du trou.

La balle ricoche sur les branche, ou alors est-elle en fait topée, puis rabattue au sol rebondit pour trouver un dosage quasi-miraculeux. Chacun interprète ce coup à sa façon à l’image du chip de Bubba Watson sur le 72ème trou du Phoenix Open trois semaines auparavant.



Jason Day qui a trouvé le bunker de gauche sort à trois mètres et doit jouer le premier. Il rentre avec une incroyable autorité et la pression repasse sur Victor Dubuisson qui à ce mètre de putt pour aller au deuxième trou de play-off. Il rentre avec autorité et les golfeurs se dirigent vers le trou n° 9 qui sera le 38ème trou de la journée pour le golfeur des Alpes Maritimes. Parfaitement placé en bout de fairway à l’issue des mises en jeu, les joueurs attaquent le green.

Un simple fer 9 en main pour attaquer le drapeau, Victor Dubuisson rejoue le même coup à gauche que 2 heures avant. Et, à l’instar du 1er trou de play-off, la balle est nichée à 20 centimètres au-dessus du sol dans les broussailles. Rebelote !! Le recovery est, cette fois, parfaitement centré sur la face. Seul un mauvais rebond au point de chute éloigne la balle du golfeur français sur la droite du trou.

Jason Day a parfaitement négocié le trou et joue pour birdie. Lorsqu’il manque, il faut une nouvelle fois à Victor Dubuisson rentrer un putt afin de poursuivre le play-off. Il le fait. Sur le green et autour, le nombre de coups sous pression parfaitement exécutés par le golfeur azuréen est époustouflant.



Au trou suivant, les deux joueurs ratent le coche et partagent à nouveau.

Sur leur 4ème trou de play-off, le 14, c’est Jason Day qui sauve un par grâce à son chipping alors que Victor Dubuisson frôle le trou pour la gagne. Le soleil est maintenant bas dans le ciel et les ombres portent sur le parcours de Dove Mountain. L’humidité et le froid arrive.

Au départ du 15, le par 4 drivable, Victor Dubuisson frappe fort mais légèrement à droite et termine dans le rough à hauteur du drapeau. Mais il a peu de green pour travailler la balle. Jason Day est plus dans l’axe, en peu plus court et trouve le short cut du rough. Le lie est idéal pour le coup levé à venir. Le golfeur de la Côte d'Azur accélère son chip et passe le trou de 9 mètres.



Jason Day réalise alors un coup très bien touché pour profite d’un excellent backspin et se stoppe à 1 mètre du trou. Victor Dubuisson dos son putt magnifiquement et signe un par. L’australien rentre impeccablement et remporte l’édition 2014 à l’issue d’un combat qu’il n’avait jamais vécu de ses propres dires.

C’est sur son chipping que le golfeur des Alpes Maritimes a sauvé la situation et fait la différence. Le cannois est, de ce point de vue, au niveau des meilleurs joueurs de la planète. Il n’est pas en reste sur son putting, et que dire de son potentiel puissance au grand jeu !



Le joueur cannois intègre le top-23 du classement international et fait maintenant partie de l’élite mondiale. Depuis sa victoire en Turquie, le golfeur français grimpe un à un les échelons sur le circuit américain. Mais c’est cette semaine qui marque le tournant de sa carrière et scelle son nouveau statut dans le golf mondial. Nous aurons le plaisir de la suivre dans tournois majeurs à venir, à commencer par le Masters d'Augusta la première semaine d'avril, comme toujours. 14-02-24